Résumé
Qui se souvient aujourd’hui de Marie-Claire Daveluy? La contribution de cette femme au développement culturel du Canada français est sans conteste remarquable. Cette étude biographique explore, de façon alternée, son engagement au sein de la production et de la diffusion de la connaissance historique, ainsi que l’enrichissement et la promotion des lettres.
Historienne et femme de lettres, Marie-Claire Daveluy (1880-1968) est une figure reconnue et célébrée de son époque. Sa contribution au développement culturel du Canada français est remarquable. Vedette de la littérature de jeunesse avec Les Aventures de Perrine et de Charlot, pionnière du monde de la bibliothéconomie, cette Montréalaise est aussi, vraisemblablement, la première historienne laïque du Québec francophone.
Son entrée à la Société historique de Montréal, en 1917, constitue un moment marquant pour les femmes dans la profession. L’histoire est sa passion maîtresse et son engagement pour la discipline représente une clé de compréhension de son parcours. Les écrits de Marie-Claire Daveluy sur la société de Ville-Marie du XVIIe siècle et sur la figure de Jeanne Mance, en particulier, expriment son engagement féministe, sa ferveur patriotique et son attachement à la foi catholique.
L’insistance de l’autrice à faire connaître la contribution des femmes à l’histoire nationale est assurément une caractéristique de son travail. Celle qui contribue à la Revue d’histoire de l’Amérique française dans l’après-guerre revendiquera toujours pour son métier les plus hauts standards de rigueur. Elle ouvre la voie aux femmes dans ce monde de la recherche historique, jusqu’alors configuré comme une chasse gardée masculine.
Inscription dans les chantiers de la Chaire
Cet ouvrage nous invite à réfléchir à la place des femmes dans la profession historienne. Marie-Claire Daveluy ne se démarque pas seulement par sa présence dans un milieu masculin. Elle se distingue également par son intérêt pour le rôle des femmes au sein de l’histoire nationale, une approche qui s’éloigne d’une histoire axées autour des « grands hommes ».
Ainsi, les réflexions engendrées par cet ouvrage sont multiples. D’une part, il aborde la question du « qui » pratique l’histoire et de l’inscription des femmes dans l’historiographie québécoise. D’autre part, il met en évidence des approches divergentes de l’histoire. En ce sens, il s’inscrit parfaitement dans le Chantier 1 transversal de la CHCQ, Raconter, écrire et diffuser l’histoire du Québec contemporain, qui s’intéresse aux réflexions autour de la pratique de l’histoire, de ses enjeux et de ses méthodes.
Daveluy, par sa participation à la profession historienne, constitue donc un intérêt autant comme sujet d’étude qu’en tant qu’historienne. Étudier son parcours éclaire un moment marquant de l’engagement des femmes dans la profession, d’autant plus que ses travaux portent sur un angle mort de la production historiographique de l’époque : la place des femmes dans l’histoire nationale.
