L’État québécois comme agent de développement industriel

2025
Entreprise Tembec à Témiscamingue, 1975. BAnQ, Fonds Ministère des Communications. Robert Furness. Notice : E10,S44,SS1,D75-656.

Description: Ce projet porte sur la création et les activités de la Société de récupération,d’exploitation et de développement forestiers du Québec (Rexfor), de 1970 à 2004.Initialement constituée sous le nom d’Office de récupération forestière des bassinsdes rivières Manicouagan et aux Outardes lors de l’inondation des réservoirs destinésà approvisionner les barrages hydroélectriques Manic V et Outardes, Rexfor voit lejour en 1970 dans la foulée de la réforme du régime forestier entreprise en 1965, quicomprend notamment comme objectif l’abolition des concessions forestières. Sonmandat est dès lors élargi à la récupération et l’exploitation de tout bois matureinutilisé sur le domaine public, et à la revalorisation des terrains à vocation forestièrepar des mesures sylvicoles (MTF, 1971, p. 71). À compter de 1973, sa mission estencore une fois étendue pour inclure des actions visant le développement del’industrie forestière, notamment par la création d’emplois et la modernisationtechnologique des entreprises du secteur, en particulier les scieries et lespapetières.

Rexfor devient aussi le principal instrument par lequel l’État québécois intervientpour soutenir l’industrie forestière québécoise lorsque celle-ci traverse desdifficultés. Ainsi, lorsque la Canadian International Paper ferme son usine de papierde Témiscaming après 55 ans d’exploitation en 1973, l’usine est sauvée par unecombinaison d’anciens gestionnaires (44 %), d’employés (41 %), de membres de lacommunauté locale (2,5 %) et du gouvernement du Québec (12 %), qui forment alorsTembec. Le Conseil d’administration de neuf membres qui en résulte comprend deuxreprésentants de Rexfor qui jouent le rôle d’arbitre entre les travailleurs et ladirection. Rexfor devient aussi un partenaire fréquent du Fonds de Solidarité de laFTQ à partir de sa création en 1983. La papeterie Wayagamack de Trois-Rivières,abandonnée par Produits forestiers Canadien Pacifique en 1992, est par exemplepartiellement rouverte deux ans plus tard avec l’aide du Fonds et de Rexfor sous lenom de Tripap. Les articles de journaux révèlent alors l’excitation du moment : «Aujourd’hui, le rêve paraît possible, palpable. À une autre époque, Tembec en Abitibi,a relevé un tel défi. » (Gagnon, 1994).Rexfor intervient également comme agent de modernisation technologique dansl’industrie forestière à travers des interventions visant à y stimuler l’innovation.

Rexfor intervient ainsi dans différentes initiatives de valorisation de la biomasseforestière, dans le contexte des chocs pétroliers des années 1970 et de latransformation des normes environnementales dans certaines industriesconsommatrices de bois, comme celle du papier. À partir des années 1990, ellesoutient également des entreprises développant des produits « innovants »composés de fibre de bois (panneaux, poutrelles, textiles, etc.). En 1998, les activitésde Rexfor sont intégrées à celle de la Société générale de financement. L’entreprisedevient ainsi SGF-Rexfor avec un mandat qui met davantage l’accent sur le soutien àl’innovation technologique dans les entreprises de transformation du bois. Cemandat est appliqué par la désormais filiale de la SGF jusqu’en 2004.

Cochercheurs et cochercheuses associé.es : Maude Flamand-Hubert, Steven High et Mahdi Khalfaoui     Axe :
  • Axe 2 : Territoire, économie et société au Québec
Chantiers :
  • Chantier 5. Exploitation des ressources naturelles et énergétiques : choix politiques, conflits sociaux et enjeux environnementaux
  • Chantier 7. Développement, dévitalisation et revitalisation des régions et quartiers.